Fermetures d’usines chez Michelin : un plan d’accompagnement signé, mais la colère reste vive
Malgré un accord signé par la majorité des syndicats, la fermeture annoncée des sites Michelin de Vannes et Cholet laisse un goût amer chez les salariés. La CGT refuse de valider le plan, et des actions aux prud’hommes sont déjà en cours.
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Après plusieurs mois de négociations tendues, rythmées par des blocages comme à Vannes en janvier, la direction de Michelin a obtenu ce lundi 24 mars la signature des syndicats CFDT, CFE-CGC et SUD pour les mesures d’accompagnement au plan de licenciements touchant 1 254 salariés. Seule la CGT, pourtant majoritaire sur les deux sites concernés, a refusé de parapher l’accord. Mais cette décision divise même en interne : si les élus CGT de Cholet étaient favorables à une signature, la centrale du syndicat s’y est opposée, considérant que valider les mesures reviendrait à entériner le Plan de Sauvegarde de l’Emploi.
Du côté des syndicats signataires, la ligne reste claire : accompagner les salariés dans ce contexte difficile, sans cautionner la fermeture des usines. Tous dénoncent une logique financière, fondée sur la rentabilité, qui sacrifie l’emploi.
Des mesures contestées, jugées insuffisantes
L’accord prévoit une indemnité supra légale de 40 000 € brut par salarié, majorée de 1 250 € par année d’ancienneté, avec des compléments selon l’âge : de deux mois de salaire pour les moins de 30 ans à six mois pour les plus de 50 ans. Pour certains, comme la CFE-CGC, ces montants restent en deçà des attentes, compte tenu du préjudice subi. La CGT rappelle que ces montants sont identiques à ceux versés lors de précédents plans en 2020, alors que Michelin affiche depuis des résultats en forte hausse et des dividendes en progression de 150 %.
Au-delà des indemnités, un dispositif spécifique est proposé aux salariés proches de la retraite, et environ 164 personnes se sont portées candidates à une mobilité interne, ce qui représente 13 % des effectifs, selon la direction. Les autres devront envisager une reconversion ou un emploi ailleurs, parfois dans d’autres régions.
Prud’hommes : une bataille juridique à venir
Si certains salariés envisagent déjà leur avenir, pour d’autres, l’heure est à la révolte. Treize employés de Vannes ont saisi les prud’hommes, s’appuyant sur l’idée que Michelin n’a pas de justification économique pour ces licenciements. Ils pourraient être rejoints par 170 collègues, qui consultent actuellement leurs avocats.
À Cholet comme à Vannes, le sentiment d’injustice domine, d’autant que plusieurs salariés, faute d’autre choix, ont signé des congés sans solde pour commencer un nouvel emploi tout en bénéficiant du PSE.