11 octobre 2024 à 11h50 par Maxime MARTINEZ

CIC U Nantes Atlantique : "une année complexe" selon le président Stéphane André

La fin de saison a sonné pour le CIC U Nantes Atlantique. L'académie du cyclisme termine la saison avec une seule victoire, sur le Grand Prix de Plouay. Le président de l'équipe, Stéphane André, fait le bilan au micro de RCA et se projette sur les années à venir avec notamment l'émergence du cyclisme féminin.

Stéphane André et Anthony Ravard du CIC U Nantes Atlantique
Stéphane André (gauche), président, & Anthony Ravard (droite), manager du CIC U Nantes Atlantique
Crédit : Maxime MARTINEZ / RCA

Quel bilan peut-on faire de cette saison 2024 ? 

Alors un bilan qui se finalise plutôt de façon extrêmement positive malgré un début de saison qui est extrêmement compliqué. Quand on regarde le Grand Prix de la Marseillaise (épreuve d’ouverture de la saison, ndlr) où on avait de forts espoirs par rapport aux trois Nantais qui étaient présents dans la dernière échappée du jour. Mais à 30 km de l'arrivée, le drame : on a vu notre Yaël Joalland, parmi les leaders de notre structure, aller au sol avec une grave chute. Il a mis plus de six mois pour s'en pour s'en remettre. Malgré tout, nos coureurs ont su se remobiliser après cette violence psychologique de voir leurs copains, leurs amis au sol, entachés de sang, qui avaient perdu totalement connaissance.  

Yaël a su rebondir par la suite. Dès le mois de juin, pour remonter sur le vélo puis de finir plutôt positivement la saison, ce qui lui permet de pouvoir avoir un nouveau contrat pour 2025. Pour nous, c'est une des plus belles victoires de la saison, une victoire humaine avant tout.  

Sur le plan sportif ? 

Nos coureurs ont su se remobiliser et gagner avec fierté, dignement, le Grand Prix de Plouay. Un doublé, d'autant plus devant notre partenaire titre, le CIC. Quelque part, c'est un petit peu la cerise sur le gâteau, ce qui va couronner une année malgré tout complexe et difficile sur le plan humain et sur le plan sportif. Donc une année plutôt qu'on va qualifier plutôt de positive et surtout : on a su fédérer l'ensemble de nos partenaires autour de notre projet. 

Stéphane André, président du CIC U Nantes Atlantique

Pour l'année prochaine, justement, quels sont les objectifs ? Quels projets pour l'année 2025 ? 

On se projette sur 2025 avec beaucoup de sérénité, avec un turnover bien entendu. D'abord, avec Clément Braz Afonso, qui va intégrer l'équipe de la Groupama-FDJ (ndlr : équipe World Tour – de première division - où est passé Thibaut Pinot et court actuellement David Gaudu). Aujourd'hui, on remplit complètement notre rôle d'équipe de formation. Donc un gros turnover pour 2025 avec l'arrivée de nouveaux jeunes. Des guerriers, des passionnés. 

On va bien entendu essayer d'être encore plus performant qu’en 2024. On finit cette saison avec une victoire, objectivement. Idéalement, c'est de pouvoir performer et d'aller gagner sur des classes 1 (courses de troisième niveau mondial). Pour se faire, Anthony (Ravard), notre manager général, et tout le staff sont allés chercher deux véritables sprinters, qui ont fait leurs preuves en sur des classes 2, cette année. On a toute confiance en ces jeunes talents et il faut que le collectif sportif ait confiance en eux pour pouvoir assurer un train exceptionnel et pour pouvoir les amener dans les 300 derniers mètres, dans les meilleures dispositions, pour aller gagner des courses.  

On a aussi recruté donc des grimpeurs parce qu'aujourd'hui, on sait très bien que pour se former sur les courses de ce calibre, il faut avoir des grimpeurs. Donc c'est ce qu'on est allé chercher dans les équipes des équipes N1 (Nationale 1), avec des jeunes qui ont plutôt performé sur le Tour de l'Avenir, sur le Rhône-Alpes Isère Tour, des courses de référence en classe 2. Aujourd'hui, objectivement, en restant humble, je pense qu'on est foncièrement armés pour pouvoir aller rivaliser avec les Pro Teams (deuxième division du cyclisme mondial, ndlr) sur 2025. 

À moyen terme, quel sont les objectifs pour le CIC U Nantes Atlantique ? Rester un centre de formation ? Peut-être s'élargir au cyclisme féminin ?  

La priorité, c'est de pouvoir intégrer au sein de notre centre de formation une structure féminine. Pourquoi ? Parce que c'est une demande tout à fait légitime de la part de nos partenaires. Le sport féminin a du sens. Il suffit de regarder la période post-COVID et le nombre de femmes qui se sont mis au sport, au running par exemple, mais aussi dans les mobilité douce : aujourd'hui, on voit beaucoup de femmes aujourd'hui qui vont travailler à vélo. Aujourd'hui, je pense qu'on a un devoir de mixité, d'équité, de pouvoir intégrer des femmes au sein du centre de formation et faire comme ce qu'on a su faire avec les hommes, à travers l'équipe professionnelle et des jeunes qui sont issus du centre de formation qui ont rejoint l'équipe pro. 

Notre volonté, c'est demain, à moyen terme, d'avoir un peu le même schéma pour les féminines et leur donner autant de chance qu'on a pu le donner aux garçons. La preuve en est : aujourd'hui, au niveau de nos infrastructures à Nantes, le vestiaire, les sanitaires, les douches, tout est organisé et préparé pour accueillir les féminines au niveau de la structure.

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Ensuite, l'objectif c'est de pouvoir monter à deux ans une N1 féminine. On n'a pas la volonté aujourd'hui, dans un premier temps, d'aller vers le professionnalisme féminin pour la bonne et simple raison que le réservoir est malgré encore tout faible. Aujourd'hui, il y a des grosses structures féminines, on voit l'équipe FDJ-Suez a qui a pris place depuis 3/4 années. On aura du mal à rivaliser avec elles, donc plutôt se cantonner de ce qu'on sait faire : former les jeunes sur la partie féminine. 

Quand on voit, côté masculin, qu'en l’espace de 3 ans, on était capable de faire passer en World Tour / Pro Tour, sept jeunes, dont un qui a particulièrement brillé sur le Tour de France, à savoir Jordan Jégat, ça nous donne des envies à se projeter, peut-être à 2026, pour pourquoi pas nous aussi pouvoir créer une Pro Team. Ça nous permettra peut-être aussi d'accueillir des jeunes encore plus talentueux, avec un programme de course peut-être un peu plus étoffé. Et puis aussi apporter encore un peu plus de visibilité à nos partenaires et d’être invités sur des courses de renom comme Paris-Roubaix comme Paris-Nice. 

Donc, par exemple, voir une équipe CIC U Nantes Atlantique sur le Tour de France Femmes, à long terme, vous ne vous l’interdisez pas dans votre esprit ? 

Ce n'est pas interdit. Nous, on part d'un principe qui stagne, recule, qui recule, régresse. Donc il faut aller de l’avant, donc il ne faut rien s'interdire. Aujourd'hui, une chanson, oui, c'est d'avoir des partenaires économiques qui ont les reins solides et qui ont un regard sur le cyclisme féminin plutôt de façon plutôt extrêmement positive. Maintenant, à voir avec eux de quelle façon cela peut leur apporter la notoriété ou de la visibilité supplémentaire. Donc ça, objectivement, c'est un projet qui peut éclore à trois ou quatre ans. Avant, c'est peut-être un petit peu trop tôt. 


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