27 juin 2024 à 10h23 par Maxime MARTINEZ

Cyclisme : dans les coulisses d'une étape du Tour de Bretagne

RCA a pu suivre l'équipe CIC U Nantes Atlantique lors de la troisième étape du Tour de Bretagne cycliste, en avril dernier. Plongée dans les coulisses d'une course, du village départ au podium, en passant par la voiture du directeur sportif.

Le départ de l'étape du Tour de Bretagne

Crédit : RCA

Le temps est encore au sec, ce samedi 27 avril à Pontivy, lorsque la caravane du Tour de Bretagne pose ses valises. Le village départ s'installe. Dans les rues de la cité morbihannaise, tout est encore calme. Des stands accueilleront, dans quelques minutes, les suiveurs de la course et les curieux. Dans les allées, Bernard Hinault, cinq fois vainqueur du Tour de France, discute avec les organisateurs et les partenaires de la course. Il est ambassadeur bénévole du Tour de Bretagne depuis quelques années.


Les cloches de la Basilique Notre-Dame de Joie sonnent les 10 heures. L'heure pour le village départ d'ouvrir aux visiteurs et pour les premières équipes d'arriver sur place, deux heures avant le départ. Elles sont 25 sur la ligne dont certaines ont pris le départ du Tour de France en juillet dernier, comme la Groupama-FDJ, Decathlon-AG2R, Lidl-Trek ou Visma-Lease A Bike, l'équipe du dernier vainqueur du Tour, Jonas Vingegaard. Sur ce Tour de Bretagne, les grandes équipes professionnelles, au nombre de 13, envoient les jeunes coureurs qui brilleront d'ici quelques années sur la Grande Boucle.


A leur côté, des équipes "Continentales" comme le CIC U Nantes Atlantique ou Saint-Michel-Auber 93 et des équipes "Nationale 1" de la région comme l'équipe du Morbihan, de Dinan ou le VCP Loudeac. Chaque équipe a un camping-car ou un bus à ses couleurs. Les coureurs sont à l'intérieur et ne sortent pas pour le moment : c'est l'heure du briefing.

Le directeur sportif et les coureurs calent leur tactique pour la course. Devant chaque bus, les voitures de l'équipe, au nombre de deux, sont garées. Les mécaniciens et assistants s'activent pour préparer la course. On remplit les musettes, on prépare les home-trainers pour l'échauffement des coureurs.


Il est peu avant 11 heures. Le temps file, et les Nantais sortent tout juste du bus de leur équipe. Ils doivent aller à la présentation des équipes. Chaque matin, avant le départ, les coureurs vont au village départ, à quelques mètres de leur bus, pour signer la feuille de départ et se présenter au public venu en nombre assister au départ de la course. Après ce bref aller-retour, place à l'échauffement mais aussi aux discussions avec le public. Un coureur parle avec un supporter de sa chute de la veille : "le bronzage sera un peu spécial cette année", blague-t-il.

Du départ fictif au départ réel


Il est bientôt midi. L'heure de partir. Les coureurs rejoignent la ligne de départ à quelques mètres de là. Nous prenons place dans la voiture du CIC U Nantes Atlantique avec Axel Clos-Courant, le directeur sportif de l'équipe, au volant. Je suis juste à côté, micro à la main et liste des coureurs sur les genoux. Son mécanicien est à l'arrière, avec, à ses côtés, des roues pour dépanner les coureurs au cas-où. Des vélos de rechange sont aussi disposés sur la galerie.


Dans la radio, c'est "Radio Tour" qui va nous bercer pendant toute l'étape. Cette radio uniquement disponible sur la course donne toutes les indications aux voitures : les coureurs échappés, les résultats des sprints et des grand prix du meilleur grimpeur, les sanctions contre les coureurs ou les voitures.


Il est midi pile. Le départ est donné. La voiture démarre, en 16ème position de la file de directeur sportif. L'ordre des voitures est défini par tirage au sort. C'est à la fois loin de la queue du peloton et proche. Il y a encore neuf voitures derrière nous, qui mettront encore plus de temps pour dépanner leurs coureurs.


Les premiers kilomètres sont calmes : c'est le départ fictif. Une procession pour sortir de la ville de Pontivy et ses aménagements urbains qui peuvent être dangereux pour les coureurs. C'est donc sur une route départementale, à quelques kilomètres de la première ligne de départ, qu'est donné le véritable coup d'envoi de la course, une fois le peloton totalement groupé.


Dès le "kilomètre 0 " franchi, les premiers coureurs attaquent sous une pluie battante. Une première échappée se forme. Radio Tour donne les numéros de dossard de chaque coureur qui ont pris la poudre d'escampette et quitté le peloton. Ils sont 16. A chaque numéro de dossard, le mécanicien et moi-même faisons une petite croix. Le temps de vérifier notre liste, nous avons la composition de l'échappée et le classement général de chaque coureur.


Sont-ils dangereux pour le leader de la course, qui est ce jour-là le Français Alexis Guérin (Philippe Wagner) ? Sont-ils dangereux pour les leaders du CIC U Nantes Atlantique ? On débat dans la voiture. En tout cas, les Nantais ont raté le premier coup, mais ils ne sont pas les favoris du jour : ce n'est pas à eux de contrôler la course. Les grosses équipes qui n'ont aucun coureur devant, comme la Decathlon-AG2R, devront faire le travail. Radio Tour nous donne l'écart : "1 minute 10 sur le peloton". Tout reste à faire.

130 km/h sur une route à 80 km/h


Tout à coup, Radio Tour nous interpelle : "CIC U Nantes Atlantique pour le 53 au peloton". Sur le Tour de Bretagne, comme sur toutes les courses de "classe 2", il n'y a pas d'oreillettes. Pas de moyen de communiquer avec les coureurs. La voiture accélère et Leo Danes, le dossard 53, descend à la voiture pour rendre son imperméable et prendre les consignes du directeur sportif. 


Une heure après le départ, après 50 kilomètres de course, le peloton arrive au pied de la seule difficulté du jour : la Côte de Cadoudal à Plumelec. Comme le Mûr de Bretagne, la Côte de Cadoudal est redoutée des coureurs. A raison, car le peloton va littéralement exploser dans cette difficulté. Les coureurs les moins à l'aise sur les montées sont lâchés. C'est le cas d'un coureur nantais. On passe à côté de lui. Le temps de lui donner quelques consignes et indications sur la course, puis on le dépasse. Nous ne le reverrons qu'à l'arrivée.


La voiture accélère. Il faut rattraper le peloton. Le code de la route est très spécial sur les courses de cyclisme : on peut rouler jusqu'à 130 km/h sur des routes habituellement à 80, la route étant fermée à la circulation classique et réservée à la caravane de la course. La vitesse est impressionnante. Tout va vite. Très vite. A peine le temps de lancer la diffusion télé de la course sur un téléphone qu'on est déjà de retour à l'arrière du peloton.


Une autre caravane a pris le départ de Pontivy, en même temps que nous, celle des assistants. Ils sont placés le long du parcours pour ravitailler les coureurs avec les fameuses musettes et leur donner des indications sur la course. Il n'y a qu'une voiture d'assistants. Elle fait l'étape avant les coureurs, les rattrappent une fois qu'ils sont passés par un parcours "bis" pour ne pas gêner le peloton, et s'installe à nouveau quelques kilomètres plus loin, pour les ravitailler une nouvelle fois.

Les coureurs nantais à la présentation des équipes du Tour de Bretagne

Crédit : RCA

Quinze coureurs pour une victoire


En tête de peloton, la première échappée est reprise et un nouveau groupe se détache. Cette fois-ci deux Nantais sont dans le bon coup : Pierre-Henry Basset et Matisse Julien sont dans un groupe de quinze coureurs. Le peloton semble battu alors qu'on est déjà dans le circuit final tracé autour de Guérande. Mais notre voiture de directeur sportif est toujours coincée derrière le peloton. Il faut attendre le feu vert des commissaires de course, les arbitres du cyclisme, pour pouvoir passer. Le feu vert est donné à moins de deux tours de l'arrivée.


Une nouvelle fois, la voiture accélère. On dépasse des petits groupes qui se sont détachés du peloton et qui jouent battus. La victoire se joue à l'avant entre les quinze coureurs. Arrivés à la hauteur du groupe de tête, Axel, le directeur sportif, donne les derniers écarts : "il y a deux coureurs à 1 minute 20, le reste du peloton à deux minutes." Le moment aussi de donner les dernières consignes : "PH (Pierre-Henry), tu joue le sprint, Matisse, tu vas chercher les coups."


Matisse Julien va donc devoir suivre les différentes attaques de ses compagnons d'échappés et Pierre-Henry Basset attendre un possible sprint dans le groupe à l'arrivée. Mais ça n'arrivera pas. Un homme seul va partir et aller s'imposer le long des remparts de la cité médiévale de Guérande : le Suédois Jakob Soderqvist de l'équipe Lidl-Trek lève les bras sur la ligne. Les Nantais finissent 11ème et 13ème et se replacent au classement général. Une étape qui s'avérera décisive : J.Soderqvist sera le vainqueur final de la course, quelques jours plus tard, à Dinan.


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