Publié : 28 avril 2016 à 7h01 par Anthony MARSAIS

La Marne : un ancien militaire aurait abusé de ses filles et de ses petites-filles

Les victimes l’avaient dénoncé une première fois en 1994. Elles avaient été prises pour des menteuses…

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Six ans de prison fermes ont été requis mercredi par le parquet envers un habitant de Falleron (Vendée), qui était jugé pour s'être livré pendant vingt-cinq ans à des attouchements sexuels sur ses trois filles et deux de ses petites-filles, à Wassy (Haute-Marne), Taverny (Val d'Oise) puis enfin en Loire-Atlantique, à La Marne.


Cet ancien militaire de l'armée de l'air, âgé de 62 ans, avait pourtant été dénoncé une première fois à ses proches en 1994 par sa fille aînée, âgée aujourd'hui de 38 ans. "On pensait recevoir le soutien des tontons et des tatas, mais c'est tout le contraire qui s'est produit : on nous a pris pour des menteuses", a sangloté à la barre l'intéressée.


Cette dernière s'était finalement décidée à porter plainte dix-neuf ans plus tard, quand elle avait appris que son père avait "mis de la crème sur la zigounette" d'une de ses deux filles.


"C'est dur d'être ici, après plus de trente ans de silence : on a honte de ce qui nous est arrivé, on culpabilise", a-t-elle témoigné à la barre du tribunal correctionnel de Nantes. "Mais toute mon enfance, j'ai été violée ! Quand je regardais les autres petites filles à l'école, je me demandais si c'était pareil chez elles... et je suis rendue compte que non. Aujourd'hui, moi et mes sœurs, on est des survivantes, et il faut qu'on apprenne à vivre avec ça."


Son père - jusqu'alors inconnu de la justice, et qui a divorcé suite à la révélation des faits - a ainsi admis à l'audience avoir fait des cunnilingus à ses filles. Il a aussi reconnu s'être livré sur elles à des attouchements, "mais sans pénétration", et avoir regardé "des films érotiques" en leur présence. "Je n'avais pas l'impression de leur faire du mal", a-t-il sangloté à la barre, niant au passage toute "caresse" à caractère sexuel sur ses petites-filles.


JEUNESSES HITLERIENNES


"Scarifications", "troubles de l'alimentation" et "quasi-phobie sociale" ont pourtant émaillé la vie de ses filles ; deux d'entre elles lui ont ainsi réclamé mercredi 20.000 € de dommages et intérêts chacune, tandis que la troisième a préféré "oublier" cette période de sa vie en s'installant dans le sud de la France. Les services sociaux du Département, désigné administrateur ad hoc de ses deux petites-filles, ont réclamé de leur côté 4.500 € pour l'une et 2.000 € pour la seconde.


La procureure de la République a dénoncé pour sa part "l'insupportable sentiment d'impunité" du prévenu, qui a subi jusqu'alors "zéro jour d'incarcération" alors que ses filles vivaient "un véritable calvaire, quasi-quotidien".


Outre les six ans de prison, avec incarcération immédiate, la représentante du ministère public a donc demandé au tribunal de prononcer un suivi socio-judiciaire de trois ans à sa sortie de détention, avec injonction de soins et interdiction d'entrer en contact avec les mineurs. Elle a également proposé que son nom soit inscrit au fichier national des délinquants sexuels, ce qui le contraindrait à pointer à intervalles réguliers à la gendarmerie pendant vingt ans.


L'avocate du prévenu, Me Amel Maugin, a sollicité pour sa part l'indulgence du tribunal : elle a rappelé que son client avait été victime dans son enfance de violences de la part de son père, lui aussi militaire et "enrôlé malgré lui dans les Jeunesses hitlériennes". Elle a aussi plaidé sa relaxe pour les "agressions sexuelles" sur ses petites-filles.


Le tribunal correctionnel de Nantes, qui a mis son jugement en délibéré, rendra sa décision le 6 juin prochain./GF (PressPepper)


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