26 mai 2016 à 8h00 par Anthony MARSAIS

La Chapelle-Glain : 5 ans de prison pour l'agression au gourdin d'une femme de 92 ans

Des faits étranges s’étaient déroulés dans les mois précédant cette agression. Le suspect nie être l'agresseur. Son ADN a été retrouvé sur le gourdin de bois.

RCA
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L'homme accusé d'avoir frappé sa voisine de 92 ans à coups de gourdin de bois, le 3 décembre 2014, chez elle, dans un petit lotissement HLM de La Chapelle-Glain, a été condamné mercredi à cinq ans de prison par le tribunal correctionnel de Nantes, qui l'a maintenu en détention.


Ce cueilleur de pommes de 54 ans, jusqu'alors inconnu de la justice, aura également interdiction pendant les cinq ans qui suivront sa sortie de détention de venir à Châteaubriant, où réside aujourd'hui la victime. Il devra également lui verser 7.000 € pour les "souffrances endurées", et 500 € à chacun de ses enfants pour leur "préjudice d'affection".


Le soir des faits, la retraitée avait pourtant donné l'alerte à l'aide de son système de téléassistance, alors qu'elle gisait dans son sang, sans avoir pu voir son agresseur. Elle avait toutefois fait état aux enquêteurs de "choses bizarres" qui s'étaient produites chez elle depuis un an. Maître Cabioch, avocat de la famille de la victime, nous donne quelques exemples.

Écouter Maître Cabioch


L'ADN de son voisin - qui a déjà purgé quinze mois en détention provisoire dans le cadre de cette affaire - avait par la suite été retrouvé sur une bûche de bois ensanglantée retrouvée au fond de son jardin.

 

"IL VOULAIT LA FAIRE PASSER POUR FOLLE"


A l'audience, celui-ci a justifié la présence de ses empreintes par le fait qu'il s'agissait probablement de bois qu'il avait lui-même coupé et stocké sur son terrain, et dont l'agresseur de la vieille dame se serait servi. Il a également affirmé avoir "trouvé dans une poubelle" la lampe-torche retrouvée chez lui et identique à celle volée à la victime : après avoir reconnu les faits devant les gendarmes, le juge d'instruction puis un psychologue, il se dit aujourd'hui "innocent".


Une de ses anciennes voisines - qui l'avait surpris en train d'écouter derrière ses volets - le soupçonne toutefois elle aussi d'avoir "tabassé" sa chienne, d'avoir "étalé des crottes de chien" chez elle ou encore d'avoir percé sa piscine gonflable.


"Monsieur voulait faire passer la retraitée pour folle, lui faire prendre peur, pour qu'elle parte de chez elle", est convaincue la procureure de la République, qui avait requis six ans de prison. Faute d'explications du prévenu, les enquêteurs pensent en effet qu'il lorgnait la maison de la vieille dame, plus petite donc moins chère en termes de loyers.


Son avocat, Me Matthieu Créach, a lui fait part de son propre sentiment de "culpabilité" dans cette affaire, alors qu'il assistait le prévenu au moment de ses "aveux" en garde à vue. "Je l'avoue, il était 22h, et j'ai peut-être un peu baissé les bras... J'ai laissé commettre une erreur importante : aujourd'hui, ces aveux donnent des œillères à la justice."


L'avocat de la défense avait ainsi cité le précédent de Christian Ranucci, condamné à mort en 1976 à Marseille pour le meurtre d'une fillette de 8 ans, qu'il avait avoué dans un premier temps. Mais sa culpabilité a été mise en doute par la contre-enquête du journaliste Gilles Perrault, dans son livre Le Pull-over rouge. "Aujourd'hui, vous avez votre pull-over rouge", avait ainsi lancé Matthieu Créach à la présidente du tribunal pour qu'elle ne commette pas "une erreur judiciaire".


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