12 avril 2024 à 17h29 par Maxime MARTINEZ

David Samzun : la cyberattaque est "un acte de guerre"

Alors que la ville de Saint-Nazaire est touchée depuis trois jours par une cyberattaque d'ampleur et que la ville et l'agglomération vivent un mouvement de grève ce vendredi, David Samzun a répondu aux questions de RCA.

RCA
Hôtel de ville de Saint-Nazaire

Après cette cyberattaque à la mairie, à l'agglomération de Saint-Nazaire et sur les communes environnantes, comment les services fonctionnent depuis trois jours maintenant ? 

Écoutez, ils fonctionnent, quand ils fonctionnent, de façon extrêmement dégradée. C'est-à-dire que nous sommes obligés de reprendre, le papier, le crayon, la gomme. Bien évidemment, aucun ordinateur ne fonctionne au sein de l'hôtel de ville de l'agglomération, sauf ceux qui sont des ordinateurs d'État, qui délivrent les cartes d'identité et les passeports. Pour le reste, aucun ordinateur ne peut être allumé. On fonctionne en mode dégradé donc. 

Il y a donc des conséquences sur l'état civil, la médiathèque, le CCAS,...?

Sur tous les services de la ville et de l'agglomération, ne serait-ce que pour creuser un trou dans un trottoir : où sont les mécanismes d'eau, d'électricité, etc, on n'a plus rien au moment où nous nous parlons. C'est un exemple parmi tant d'autres. Il y a bien évidemment les actes de naissance, de décès, de mariage : on reprend le papier. On va faire au mieux. La seule chose que je demande à la population, c'est c'est de la compréhension. Des services seront rendus en mode dégradé, donc souvent plus long. J'ai confiance d'une part en l'ensemble de mes services et on va encore une fois encore s'adapter, après la crise du COVID. Et bien écoutez, on n'a pas trop le choix, donc on sert les coudes. On fait au mieux et on va prendre le temps nécessaire. 

"Il y a une volonté de déstabiliser le service public"

Vous avez parlé de guerre qui vous a été déclarée ?

Oui c'est une bien, c'est un acte de guerre. Alors je suis un acte de guerre "cyber". La preuve, ce sont des gendarmes aujourd'hui qui s'occupent de  la situation pour accompagner  notre service informatique de grande qualité que je remercie. C'est un acte de guerre. C'est une volonté de déstabiliser le service public, les collectivités locales, la ville ou l'agglomération, mais aussi quelque part le pays, bien sûr. 

Que sait-on aujourd'hui des causes de cette attaque ? 

On est toujours en période d'investigation, on est en train de regarder. Je vais présider une commission à 17h00 sur le sujet. Une cellule de crise. C'est un virus qui a été traité à une époque, c'est un peu comme une pandémie, qui a été réactivée, qui a été adapté à l'ensemble des pare-feu des collectivités et c'est donc un nouveau virus qui a réussi à rentrer. Nous sommes à la recherche aujourd'hui de ce qu'on appelle, dans le jargon, le patient 0. Par où est rentré ce virus ? Pour pouvoir cheminer et voir les conséquences et toutes les conséquences. Je ne suis pas capable de vous dire au moment où je vous parle, s'il y a eu des données des données nazériens par exemple qu'ont été volées etc. On n'en sait rien. 

Il y a des élections dans deux mois, est ce qu'il y a un risque par exemple pour les listes électorales, est-ce qu'on peut encore même s'inscrire ? 

Oui, on peut encore s'inscrire. On est en mode dégradé donc ça doit être compliqué. Les services vont s'adapter, mais bien évidemment, on tiendra les élections européennes comme tout le reste du pays. 

Combien de temps pour un retour à la normale ? 

Je suis incapable de vous répondre, Monsieur. 

Plusieurs mois peut-être même des années ?

Oui, oui, oui. 

La suspension de séance de ce vendredi "n'est pas acceptable"

Il y a une grève en ce moment à la ville, à l'agglo. Le Conseil municipal a été perturbé ce matin, les poubelles de tri ne sont plus relevées dans le centre-ville, les piscines en grève aujourd'hui. Ce matin, à notre micro, un responsable syndical parlait de mal-être au travail, de perte de salaire pour les éboueurs avec les changements d'horaires, qu'est-ce que vous lui répondez ? 

Écoutez, je n'ai pas envie de répondre en direct mais j'aurai l'occasion de m'exprimer dans les jours à venir. J'ai beaucoup de respect pour les organisations syndicales et celles et ceux qui en font partie. On peut revendiquer. Il n'y a pas de perte de salaire (pour les éboueurs ndlr), c'est tout simplement une adaptation. Autrement dit : des hommes et des femmes qui travaillent de nuit, on leur demande d'arrêter de travailler de nuit, donc il y avait une prime et par égalité, y compris par celles et ceux qui travaillent la journée, je pense aux éboueurs, ces primes du plus versées puisqu'ils travaillent plus la nuit. J'ai bien conscience que ça peut avoir des conséquences financières dans le budget d'un ménage, ce n'est pas le sujet.

Le deuxième point sur ce qui s'est passé ce matin (le Conseil municipal envahi et suspendu) : pour moi n'est pas acceptable. On ne peut pas perturber un conseil municipal alors qu'il y a une période de négociation concernant le COS, simplement pour perturber sans aucune prise de parole. Vous savez qu'elle est interdite dans le public, mais à Saint-Nazaire, il y a une vieille tradition que je n'ai jamais remis en cause : on demande à un élu, souvent un élu de l'opposition, d'exprimer un point de vue. Ça n'a jamais été le cas. Mon adjointe au personnel est descendue les voir ce matin, il y a rien, il y n'a pas sujet au sens où il n'y a pas de de de conflit. Madame Paillard n'a jamais refusé de recevoir. Et on perturbe une séance, donc je ne trouve pas ça à la hauteur de l'événement. 

Et qu'est-ce que vous dites aux Nazériens qui s'inquiètent de voir les poubelles s'amonceler dans les rues ?

Écoutez, le droit de grève existe, il doit être respecté. Et donc au moment où je vous parle, les hommes et des femmes n'ont pas souhaité reprendre le travail. On avait cru comprendre hier soir que c'était le cas. Dont acte.

Il y a une opération "place nette XXL" à Saint-Nazaire, hier, quartier de la Bouletterie. 30 interpellations en quelques jours sur l'ensemble de l'agglomération. C'est la bonne méthode ces opérations pour lutter contre le trafic de drogue dans la région?

Ça fait partie de la méthode et donc de l'arsenal de répression. Il faut combattre ce trafic de drogue parce qu'il touche des populations, des hommes et des femmes qui n'ont parfois plus accès à leur domicile, à leur cage d'escalier. C'est un drame pour beaucoup de jeunes en termes de de santé et du trafic qui va avec. Mais ce n'est pas suffisant. Bien entendu, il y a, je l'ai toujours dit, il manque du personnel au commissariat de police toute l'année. Il y a un travail d'investigation à faire sur le temps long pour permettre (de combattre le trafic). Mais par contre, je salue l'État qui a répondu à ma demande d'intervenir en nombre. Quand on voit le nombre de saisies, que ce soit de drogue, que ce soit d'argent et donc d'hommes et de femmes qui sont mis à l'abri, et bien j'en suis ravi. 

Vous sentez que le sujet avance et qu'il y a des progrès qui sont formés ? 

Oui, oui, ce qui n'était pas le cas avant la venue de Monsieur le préfet et du nouveau sous-préfet, donc je les salue et je les remercie. 


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