Publié : 13h58 par Maxime MARTINEZ

FC Nantes : les raisons d'une crise

Enième défaite à domicile, contre Le Havre (0-2), dans un match émaillé d’incidents, 16ème au classement, synonyme de barrage pour la Ligue 2, le FC Nantes est sportivement en difficulté et plonge dans une nouvelle crise. Retour sur les raisons d’un scénario qu'il était difficile d'éviter.

Les joueurs du FC Nantes célébrant devant la tribune Loire (image d'illustration)
Les joueurs du FC Nantes célébrant devant la tribune Loire (image d'illustration)
Crédit : Maxime Martinez / RCA

Les saisons se suivent et se ressemblent. Le FC Nantes a enchaîné une neuvième rencontre sans victoire en Ligue 1, qui plus est à domicile et face à un concurrent au maintien, Le Havre (0-2). Une “sale soirée” selon l’entraîneur, Antoine Kombouaré, de plus en plus fragilisé.

La saison dernière, le FC Nantes a connu trois entraîneurs : Pierre Aristouy, remercié par la direction après une première petite crise de résultats ; Jocelyn Gourvennec, ancien Canari avec qui la greffe n’aura jamais pris ; et Antoine Kombouaré, l’homme qui a ramené la Coupe d’Europe à la Beaujoire.

Une équipe qui n’a pas changé

Nantes se maintient in extremis en Ligue 1 avec une promesse : le changement c’est maintenant. Raté ! En cause : l’explosion de la bulle des droits TV et le niveau global des joueurs depuis plusieurs saisons. Plusieurs joueurs sont censés partir : Alban Lafont le gardien, Pedro Chirivella le capitaine, Mostafa Mohamed le buteur… Las, aucune offre sérieuse n’arrive sur le bureau du clan Kita : la globalité de l’effectif nantais, et particulièrement au niveau des cadres du vestiaire, est reconduite.

Des résultats catastrophiques

Le début de saison amène quelques promesses : deux victoires en trois matches avant la trêve internationale de septembre et quelques joueurs, à l’instar de Lepenant ou même de Lafont, qui sortent du lot lors des premières rencontres. Mais très vite, la machine s'enraye. Et dans cet effectif, mentalement affecté par plusieurs saisons à se battre contre une descente en Ligue 2, les vieux démons reviennent : la défense se montre de plus en plus fébrile, le milieu de terrain semble perdu, les attaquants ne sont plus servis et perdent la majorité de leurs duels. Les cadres ne cadrent plus grand chose. 

La crise de résultat débute par des nuls, contre Angers et Saint-Etienne, dans des rencontres imperdables. Elle se poursuit avec des défaites de plus en plus logiques, de plus en plus implacables, même face à des équipes censées être au niveau du FC Nantes voire un niveau en dessous.

Un entraîneur en panne d’idée

Symbole de cette défaillance à tous les niveaux : le bilan d’Antoine Kombouaré depuis son retour est famélique. Depuis son retour sur les bords de l’Erdre, le Kanak n’a remporté que quatre victoires, pour six nuls et 10 défaites. Un ratio de 0,9 point par match, le plus faible pour un entraîneur du FC Nantes avec une telle longévité. 

Kombouaré a-t-il encore prise sur ses joueurs? Lors de la fin de son premier mandat, au printemps 2023, la rupture était consommée avec certains cadres. Aujourd’hui, sur le terrain, le sentiment est celui d’un entraîneur qui tâtonne tant au niveau tactique que dans le choix des hommes. Mais dans les paroles, à l’instar de celles d’Alban Lafont dimanche soir après la défaite contre le Havre, les joueurs soutiennent leur entraîneur.

Une direction hésitante

Antoine Kombouaré semble, lui, combatif : “Ce n'est pas la meilleure période, la série est catastrophique mais je suis prêt à relever le défi. On n'est pas en fin de saison, ce n'est pas insurmontable. Je suis un battant, il faut se remettre au boulot pour rectifier le tir” expliquait-il après la rencontre.

Quant à la direction, elle semble s’interroger sur son avenir, mais sans appuyer sur le bouton, pour le moment. Les prochaines heures pourraient être décisives. Sauf que dans un contexte économique tendu, le renvoi de l’entraîneur sous contrat jusqu’en 2026 serait, pour le moins, coûteux. Sur le plan sportif, le calendrier n’est pas favorable pour les Canaris : samedi prochain 30 novembre, le déplacement à Paris sera périlleux ; suivi du bouillant derby face à Rennes, à la Beaujoire, le 8 décembre, puis d’un déplacement à Brest le 15.

La lassitude de supporters

En tribunes, le bilan n’est guère meilleur. Certes, la Beaujoire est toujours remplie. Mais entre cette équipe et ses tribunes, et notamment la Loire, le divorce semble de plus en plus consommé. Hier, tout a commencé par une banderole : “De la direction jusqu’aux joueurs, vous n’êtes que des touristes. Bienvenue au Football Club Med de Nantes.”

Un message clair alors que le public de la Beaujoire n’a pas vibré depuis très longtemps. Depuis le début de l’année 2024, les Nantais n’ont vu qu’une seule victoire à domicile, face à Auxerre en août dernier. Depuis, la tribune Loire ressemble à une cocotte-minute qui a finalement explosé hier. Deux interruptions de matches : avec des lancers de balles de tennis et de papier hygiénique sur la pelouse, en première période, en protestation contre la Ligue de football.

Sanctions à venir ?

Puis en toute fin de rencontre (90e+2), après les chants “On va en Ligue 2” repris par tout le stade, quelques dizaines de personnes de la Brigade Loire sont descendues sur la pelouse avec pour but de l’envahir. Ils ont été contenus par des CRS, mais le match a été, à nouveau, interrompu. Il a finalement pu reprendre mais devant une tribune vidée de ses supporters. Une colère contre les résultats sportifs d’une équipe qui ne propose pas un jeu flamboyant, traditionnel à Nantes, et contre une direction qui n'a jamais été appréciée par les supporters, et inversement.

Après ces incidents, Nantes pourrait être convoqué par la commission de discipline, mercredi, pour des sanctions avant le match contre Rennes dans deux semaines. De quoi rajouter un volet supplémentaire dans cette crise à tous les étages au FC Nantes.


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